1802. Chargé par Bonaparte...

Chargé par Bonaparte de mater la révolte des esclaves noirs de Saint-Domingue, Donatien-Marie-Joseph de Vimeur, vicomte de Rochambeau, dont la répression fera 350 000 victimes, écrit à un subordonné :
"Je vous envoie un détachement de 150 hommes du Cap, accompagnés par 28 chiens bouledogues [...] Je n'ai pas besoin de vous rappeler qu'aucune ration ni autorisation de ration n'est permise pour les chiens. Vous leur donnerez les Noirs à manger".

1933. Devant l'Académie militaire de Washington...

Devant l'Académie militaire de Washington, le major-général Smedley Butler déclare :
"Cela fait 33 ans que je sers chez les Marines, et il n'y a pas une méthode utilisée par les gangsters que nous n'ayons utilisée et perfectionnée. Eux utilisent des voyous pour faire peur et éliminer, nous, nous sommes les hommes de main du "Big Business", de Wall Street et des banques. J'ai fait le coup de poing contre le Honduras pour le compte des compagnies fruitières en 1903. J'ai racketté le Mexique et Tampico pour le compte d'American Oil en 1914. J'ai fait le coup de feu à Haïti et Cuba pour que les gars de la National City Bank puissent y ramasser le pognon. J'ai secoué et vandalisé une demi-douzaine de pays d'Amérique centrale pour qu'ils puissent se soumettre au racket de Wall Street. J'ai nettoyé à la sulfateuse le Nicaragua pour le compte de Brown Brothers en 1912. J'ai foutu le feu à la République Dominicaine pour American Sugar [...]. Al Capone est un minable comparé à l'US Army. Lui contrôlait au mieux trois districts de Chicago, nous, nous contrôlons et rackettons trois continents".

L. Rebatet, Les décombres, I, 2

"Aucun cas ne semblait être d'une plus dramatique clarté, pour un esprit chrétien, que celui de l'Espagne. Pourtant nous avions vu des catholiques illustres et même intolérants comme Mauriac et Bernanos devenir les détracteurs les plus acharnés et les plus fielleux de Franco. Ces défenseurs bénits des fusilleurs de Christs et des dynamiteurs de moines étaient habiles à travestir leurs humeurs et leurs perversités intellectuelles en algèbres casuistiques. (...) On peut invoquer la demi-folie de Bernanos qui dans les pires circonstances demeure du reste digne du nom d'écrivain, avec ses livres embrouillés par les fumées de l'alcool, mais que trouent soudain des pages puissantes, furieuses ou noires. L'autre, l'homme à l'habit vert, le bourgeois riche, avec sa torve gueule de faux Gréco, ses décoctions de Paul Bourget macérées dans le foutre rance et l'eau bénite, ces oscillations entre l'eucharistie et le bordel à pédérastes qui forment l'unique drame de sa prose aussi bien que de sa conscience, est l'un des plus obscènes coquins qui aient poussé dans les fumiers chrétiens de notre époque. Il est étonnant que l'on n'ait même pas encore su lui intimer le silence."

Dante, Enfer, XVI

"La gente nuova e i subiti guadagni
orgolio e dismisura han generata
Fiorenza, in te, si che tu gian ten piagni"

"La gent nouvelle et les gains trop soudains
ont engendré orgueil et démesure
Florence (France ?), en toi, et déjà tu en pleures."

Dante, Enfer, XVI

Monica Vitti...



La mort est le tournant de la route,
Mourir, c'est seulement ne plus être vu.

Fernando Pessoa, Poème sans titre

San Antonio

"J'ai eu pour amies des nanas de la Haute, des cérébrales, des artistes, je peux donc vous en parler et vous dire tout le mal que j'en pense. Quand un tombeur comme Bibi se farcit ces filles-là, il s'expose irrémédiablement à des emmouscaillages maison! Ces chochotes vous font payer chérot la rançon de leurs corps. Quand elles passent au décarpillage, elles ne sont pas nues pour autant. Il leur reste sur le râble une telle épaisseur de préjugés, de mondanités et de prétentions que, pour se faire reluire, on est obligé de penser à la radeuse du coin, nature et pas bêcheuse. L'amour au cinéma, c'est nécessaire mais le cinéma dans l'amour, je trouve ça débectant.S'il est un moment où l'on doit accrocher sa gamberge au même clou que son grimpant, c'est bien celui-là, non?Vous aimez, vous, les locdues façon bas-bleus qui vous expliquent le ressort secret de leur âme au moment où vous leur faites le coup du garde-champêtre amoureux? Et les autres, celles qui lèvent le petit doigt pour écluser du thé et le petit doigt de pied pour se laisser aimer? Parlons-en! Et parlons-en à la troisième personne, que dis-je! A la quatrième...Tiens, oui: il faut crééer une quatrième personne pour ces cavités prétentieuses! La quatrième personne de l'impersonnel, une révolution dans la grammaire. Ca les situerait illico socialement. On leur accrocherait cette quatrième personne au fignedé pour avertir les aminches: attention! Travaux littéraires! Si pas licenciés, s'abstenir. Et si licencieux, voir ailleurs. Parfaitement, les mâles devraient se rendre ce menu service."

San-Antonio, La Tombola des Voyous