Le flamand n'est pas rose...

Je ne me serais pas permis d’apostropher aussi cavalièrement Guy Verhofstadt, président du groupe libéral au Parlement européen, si je n’avais pas regardé la vidéo (voir ci-dessous) du discours de Dany Cohn-Bendit lors du vote sur la validation de la nouvelle commission Barroso par le parlement de Strasbourg. Verhoftstadt, celui qui a une tête de grand Duduche à la Cabu, n’a pas l’air de s’offusquer lorsque Dany essaie de faire taire d’un “Ta gueule !” sonore son collègue socialiste allemand Martin Schulz, qui ne cesse de l’interrompre dans sa péroraison. Et puis, j’ai appris à connaître suffisamment les Flamands lors d’un long séjour à Bruxelles au début de ce siècle pour savoir qu’ils préfèrent qu’on leur dise sans détour ce qu’on a sur la patate (à frites), plutôt que de tourner autour du pot.

Guy Verhofstadt, donc, ancien premier ministre du royaume de Belgique, originaire de Gand et membre du parti Flamand Open-VLD (libéral, centre-droit laïc) a commis, jeudi 11 septembre, un article dans Le Monde sobrement intitulé “Il y a quelque chose de pourri en République française…” On sent déjà que l’auteur vise haut : rien moins que la notoriété persistante que vous garantit la petite phrase qui fait mouche dans un contexte donné, comme “La France s’ennuie” de Pierre Viansson-Ponté à la veille de mai 1968, ou “La France moisie” de Philippe Sollers en 1999.

La suite, hélas pour son auteur, ne devrait pas favoriser la promotion de son titre au rang des formules prophétiques. Il ne s’agit, en fait, que d’une prise de position d’un voisin belge, sous-catégorie flamande, à propos du débat lancé par Nicolas Sarkozy et Eric Besson sur l’identité nationale. Il reprend à son compte, sans aucune valeur ajoutée qu’aurait pu apporter un regard extérieur, les arguments développés par les adversaires français de ce débat : il aurait servi de défouloir aux beaufs racistes, stigmatisé les musulmans de France au nom de la lutte contre la burqa, etc. C’est, à ses yeux, une remontée de la France maurrassienne, comme on parlerait d’une remontée d’égouts.

Ce papier n’aurait mérité qu’un haussement d’épaule distrait avant d’être confié à son destin de contenu de poubelle de tri sélectif, s’il n’émanait pas d’un ressortissant d’un peuple dont le rapport a l’identité nationale se manifeste de manière brutale et provocatrice, avec des excès racistes et xénophobes plus violents, en paroles, que partout ailleurs en Europe occidentale.

Il s’agit des Flamands, dont la tolérance à l’autre, en particulier à leurs compatriotes francophones établis au delà de la frontière linguistique est si admirable qu’elle fait régulièrement l’objet de remontrances du Conseil de l’Europe. Certes, Guy Verhofstadt ne fait pas partie de la frange la plus ouvertement flamingante de la classe politique flamande : l’OpenVLD, parti de la bourgeoisie laïque des villes, ne clame pas de manière tonitruante sa volonté de “flamandiser” au kärcher tous les individus demeurant sur la terre des Flandres, comme l’extrême droite du Vlams Belang ou les sociaux-chrétiens de l’actuel premier ministre Yves Leterme. Mais, au parlement, le parti de M. Verhoftstadt vote comme les autres pour la division de l’arrondissement électoral Bruxelles-Halle-Vilvorde, qui interdirait aux francophones de la périphérie de Bruxelles de voter pour des partis s’exprimant dans leur langue. Ce parti est happé, sans grande résistance, par un courant nationaliste impulsé par les Bart De Wever et Jean-Marie De Decker. Je n’ai jamais entendu Guy Verhofstadt, ni aucun de ses amis, protester contre les tracasseries mesquines dont sont régulièrement victimes les résidents de Wezembeek-Oppem ou de Rhodes-Saint-Genèse, qui ont le défaut de vouloir d’exprimer dans la langue de Molière.

Monsieur Verhofstadt trouve grotesque et ridicule que l’on apprenne La Marseillaise dans les écoles françaises, mais il oublie de dire que c’est par rejet profond de la Belgique unitaire que la plupart de ses compatriotes refusent de chanter l’hymne du Royaume, La Brabançonne. L’épisode d’Yves Leterme piégé par un journaliste et confondant cet hymne avec La Marseillaise est resté dans toutes les mémoires. “La loi, le roi, la liberté” : ces mots sur lesquels s’achève le chant des Belges sont considérés comme ringards par la plupart des Flamands. À ceux qui voudraient, comme Verhofstadt, que les Français les imitent en snobant La Marseillaise, il n’est pas interdit de conseiller qu’ils s’occupent de leurs oignons. Ou de leurs chicons.

Lutter contre le nationalisme borné, celui qui exclut au lieu d’intégrer, voilà une bonne idée qui nous est rappelée sans ménagement par un voisin qui, apparemment, ne nous veut que du bien.

Je serais curieux de voir la réaction de Guy Verhofstadt si un homme politique français de premier plan s’avisait, par exemple dans une tribune publiée par un quotidien francophone belge de qualité, à proclamer qu’il y a quelque chose de pourri dans les provinces de Flandre, avec des arguments autrement plus probants que ceux avancés par lui pour nous faire honte.

Juillet...

Le goût d’une bouche
Le poids d’un sein dans la robe en lin
C’était il y a si longtemps c’était en juillet
Ma tristesse se date dans l’été triomphant
Comme les dates sur une stèle

Créteil, Ile de France...

Au sortir du métro, descendre l’escalier, on y croise une boutique afro, Aminata que ça s’appelle, un truc malien ou sénégalais qui attend le client comme une perle rare, du côté du guichet RATP, un antillais en pull bleu s’affaire, des jeunes lycéennes tendance pétasses houspilleuses agitent leurs breloques et leurs ongles vernis, elles voudraient pas qu’on oublie qu’elles existent, qu’elles sont là, alors elles gueulent.

Ensuite, remonter un escalier douteux, éclairé au néon faiblard, des senteurs de pisse et de javel puis le jour venant, j’entends des cris d’enfants, je regarde droit devant, ça s’appelle ora torah, un complexe qui abrite des gamins à kippa qui jouent au foot, s’engueulent, crient. Ce qui m’intrigue ce sont les pilonnes de défense qui barrent toute l’école, je me dis dans un premier temps, parano juive, qu’est ce qu’ils fabriquent à transformer une école en camp fortifié, en ghetto à chaîne, acier et interphone. J’avance comme dans un travelling toutes les fenêtres sont criblées d’impacts, pierres, balles, parpaing, tout a dû y passer.

Autour, les bâtiments d’une agence solidaire et celui de la Caisse des Allocations familiales sont intacts, rien ne laisse présager que l’esplanade Félix Eboué sent son kiffe la racaille avec poubelles envolées en volutes de fumées et carcasses de voitures encore noires de leur holocauste quotidien en honneur d’un dieu vicelard qui se fait appeler Niklafranceélappolisse, dybbuk larvaire qui creuse la cervelle des sinistrés à capuche.

Dieudonné doit être content, les forces sionistes ont été contenues dans un bunker. Je ne crois pas qu’un jour les afro-maghrébins spécialisés dans le rôle de lumpenprolétaire victime de la société s’en iront, parce que tout simplement il est peu de nations qui dépouille une partie de ses membres pour entretenir le carnaval triste de ceux qui se prétendent des parias alors qu’ils habitent des appartements, sont soignés, habillés, nourris, éduqués, instruits, torchés et accompagnés sans aucune réciprocité.

Les autres afro-maghrébins sont par nature invisibles, inconnus des médias, planqués dans une malle avec marqué dessus, RAS, quand on veut montrer qu’on n’est pas dupe, qu’on sait bien que tous les afro-maghrébins ne sont pas des trimards, comme au zoo on sort les spécimens dits représentatifs et on agite le flacon de la discrimination positive et de la diversité qui ferait vomir n’importe quel individu pourvu d’un peu d’honneur et d’orgueil.

En revanche, je ne suis pas sûr que les juifs resteront, non pas parce que les juifs seraient des victimes éternelles et des justes parmi les justes, toutes choses que professent à longueur d’antenne les loukoums verdoyants de la bonne parole, les Attali, BHL et consorts, mais parce que les juifs obéissent comme le disait Péguy à deux logiques, celles de la mystique et celle de la politique.

Côté mystique, les trublions des Yeshivot continuent à vivre au rythme de la Torah et des observances dictées par le Talmud, parfois ils prennent le chemin de la kabbale, d’autres fois, la voie sans issue des messianismes d’opérette qui pensent que Dieu enverra son Messie faire un aller et retour avec dans ses bagages la liste des élus. On trouve aussi quelques adeptes de la négation à la Badiou, ça donne le renversement suivant, le juif fut le PERSÉCUTÉ, plus Christ que le Christ, aujourd’hui c’est le sans-papelard qui s’échine dans la restauration, demain le débouté du droit d’asile et des allocs.

Côté politique, les juifs sont comme tout le monde, ils aiment le pouvoir, l’argent et la vulgarité qui va avec, le dîner du CRIF c’est le gala des faux-culs à bagouzes, qu’il faudrait révérer parce qu’ils sont juifs, « à bon » qu’on se dit « t’es aussi con que le goy à tête d’épagneul qui trouve que la frontière de la France se trouve sur le Jourdain et je dois te saluer ? ». Il vous dira que oui, que la Shoah, tout ça, que Vichy, que l’inexcusable, que donc les juifs c’est spécial quoi et puis il repartira en coulisses faire ses petites affaires avec sa mezouzah portative.

C’est ça le politique juif lambda, silencieux durant l’affaire Dreyfus, pas de vague les gars, hissant les couleurs bleue et blanche aujourd’hui en scandant Shoah et Israël comme s’il s’agissait de talismans, dans la Bible on appelle ça de l’idolâtrie, mais il n’y a que lui qui ne le sait pas.

Oui, un jour des juifs partiront parce qu’ils auront vécu dans un ghetto volontaire, parce qu’ils se seront persuadés que ceux qui ne les révèrent pas en se signant pour les fautes d’un Etat-croupion sont des antisémites, parce que des branleurs ont trouvé leur cible en canardant des synagogues et des écoles, parce que, selon l’enseignement des prophètes, leurs politiques les ont toujours conduit à la catastrophe, parce qu’ils ont désappris la France et sa langue de juristes, de moralistes et d’écrivains.

30 janvier 1972...

"Bloody Sunday" à Derry, en Irlande du Nord. Alors qu'une manifestation pacifique s'apprête à se disperser, les parachutistes anglais commandés par le lieutenant-colonel Dereck Wilford tirent sans sommation sur la foule. Quatorze personnes sont tuées, dont six enfants de moins de treize ans. Les familles des victimes n'obtiendront jamais réparation.